Dans cet entretien accordé à CS Médias, Apollinaire OUEDRAOGO, ex joueur du RCK reviens sur sa carrière de footballeur, son passage en Angleterre en tant que joueur, agent de joueur et président de club.
Lisez !
CS Médias : Pour ceux qui ne vous connaissent pas, qui est Monsieur Apollinaire Ouédraogo ?
Appolinaire Ouédraogo : Je suis de Gourcy, une ville où le football est bien aimé. J’ai commencé à jouer là-bas, après je suis allé à ouahigouya et par la suite je suis venu à Ouaga pour les études.
J’ai eu la chance de passer au Hafia (de Zogona ndlr), après au RCK. J’étais un gardien de but.
CSM :Votre carrière en Europe a commencé à partir de quel moment ?
Je suis arrivé en Angleterre en 2000. j’ai eu l’opportunité de faire une carrière professionnelle après avoir réussi mon essai avec Darlington Football club qui était en League 2 en ce moment, malheureusement mon rêve s’arrêtera suite à la découverte d’une sérieuse blessure de dos que j’avais eu depuis le RCK . Malgré le soutien du club plus particulièrement l’entraîneur Gary Bennet en son temps je n’ai pas eu le courage d’accepter une intervention qui nécessitait un remplacement de disque. Ainsi je met fin volontairement à mon rêve de devenir footballeur professionnel et embrasse d’autres orientations mais surtout dans ce sport tant aimé; Ainsi je fais mes premiers pas dans le management ou j’obtiens les licences niveau ( level 1 et 2 de la fédération anglaise de football ainsi que la licence UEFA “B”) en tant que entraîneur j’ai eu l’opportunité de coacher au bas niveau de la pyramide du football anglais avec Thornaby FC en Northern league dans les années 2006-2008; par la suite j’ai été sollicité par des firmes de management de sport entant consultant.
En 2018 j’ai été sollicité par Thornaby FC pour occuper le poste de président du club, une opportunité que je n’ai pas hésité de saisir. L’opportunité était pour moi une aubaine surtout que Thornaby évoluait en D2 de la northern League qui est la deuxième ligue de football au monde. Pour moi c’était une bénédiction et je pense bien que j’ai pu apprendre beaucoup pendant 4 ans à la tête du club et dans cette league riche en valeur et d’histoire.
En tant que président, le club connaîtra sous ma direction sa toute première promotion de son histoire en D1 de la league dès ma première saison, également sous moi nous avons battu le record du club en coupe d’Angleterre ( FA CUP) tant en matchs gagnés qu’en revenues financieres; également nous arrivons en quart de final de la coupe d’Angleterre des clubs semi pro et amateurs , j’ai été honoré 2e meilleur président des ma première saison.
En D1 nous battons également le record du club en finissant 3e du tableau et cela demeure le plus haut finish du club de son histoire.
J’ai passé quatre années mémorables à la tête du club avant de repartir dans mon métier de consultant et agent de joueur.
Mais mon départ était plus ou moins crucial car. En dehors de mes activités sportives je suis entrepreneur détenteur d’une humble usine en Angleterre qui produit des épices alimentaires d’origine africaine et Caribbeenne et j’ai également parvenu à développer un modèle de chaîne de restaurant que je travaille pour exporter le modèle et le concept dans d’autres pays et ces exigences particulières m’ont obligé en son temps à quitter car j’étais conscient que je ne pourrai plus donner 100% de moi même et je ne voudrais pas tricher non plus.
CSM: Aujourd’hui vous êtes un agent de joueur, mais il me semble que vous n’avez pas de joueur Burkinabè dans votre système de management, on peut savoir pourquoi ?
Actuellement je n’ai pas de joueur Burkinabè dans mon carnet, mais j’ai eu à travailler avec des joueurs Burkinabè. Le premier joueur Burkinabè professionnel qui a signé en Angleterre c’est moi je l’ai amené. C’était Florent Rouamba.
Malheureusement par imprudence de la part du joueur, il n’a pas fait longue carrière là-bas quant bien que j’étais persuadé que c’était un talent et aussi que le club y était pour sa promotion.
J’avoue que Florent allait jouer en Premier League mais je dirais qu’il a été un peut naïf. Il a fait des erreurs que nous souhaitions qu’il va partager avec les jeunes pour qu’ils ne commettent pas les mêmes erreurs parce que c’est vraiment du gâchis.
Lorsqu’il est arrivé, Florent a fait une séance avec Charlton. Je monte causer avec l’entraîneur qui était le seul entraîneur noir de l’époque, Chirs Powell. Il me dit que c’est vraiment le joueur dont il a besoin.
Maintenant le problème, Florent devrait repartir en sélection, donc il n’avait pas le temps de se faire voir.
Chris m’a dit “je veux qu’il fasse 3 séances avec moi parce que je ne peux pas signer un joueur pour une seule séance.
Florent avait le choix de faire 2 séances de plus pour un contrat fixe de 2 ans Ou de venir en sélection. Finalement il a choisi de venir en sélection, alors le club qui ne voulait pas effacer complètement la main sur lui offre 3 mois avec l’option d’extension pour 2 ans.
Moi je connais Florent et je sais comment il répondait aux exigences du football anglais. Finalement il est parti en sélection et quand il est revenu il a retrouvé le club mais malheureusement un mois après, le club m’a écrit pour dire qu’ils ne vont pas le retenir.
L’autre déception c’est Paul Coulibaly à Leeds United pour un essai. Ça Coïncidait avec son mariage. Il prenait des cours de mariage à l’église. Leeds a envoyé les invitations mais Paul a dit qu’il faut que ça soit après le mariage. Moi aussi j’ai eu des erreurs dans ça et ces erreurs c’est de vouloir aller doucement avec le joueur. Je me dis que souvent il faut être violent avec lui quand tu vois que ce sont ses intérêts qui sont en jeu.
Ce qui s’est passé, on a traîné un mois et c’est après son mariage qu’il est venu pour l’essai. Leeds partait en Macédonie pour leur pré saison et c’est à cette période que l’entraîneur voulait Paul. Ils sont partis et de là-bas ils ont eu deux attaquants blessés. Au moment où Paul venait, la priorité ce n’était plus un défenseur mais deux attaquants maintenant, voilà que Paul n’a pas été retenu. Rappelons nous que Florent et Paul venaient respectivement de la Moldavie et de la Lybie aucun club en championship ou en premier League allait les jeter un contrat sans essai en son temps.
CS Médias: Aujourd’hui en tant qu’observateur externe quel est votre regard sur le football Burkinabè ?
Nous avons des championnats qui perdent leur valeur au fil du temps. Il y a des améliorations dans d’autres pays mais ici il me semble que nous sommes entrain de reculer. Il y a des clubs qui meurent et l’âme du championnat est entrain de mourir avec ces clubs comme l’Efo , l’Asfa et autres. Et cela s’explique selon moi du fait que nous refusons de suivre les exigences de l’évolution du football mondial. Certains pays magrébins ont compris et aujourd’hui on parle toujours de Zamalek, Al Ahly, etc.
Nos clubs n’ont pas pu parce qu’il y a d’abord un problème sur leurs statuts. On s’accroche à ce soit disant Association dont ce sont les supporters qui détiennent certains clubs ou c’est des individus soient disant puissants qui détiennent les clubs, des clubs qui dépendent seulement des subventions et de dons de bonne volonté. Tu ne peux pas être là attendre des subventions ou des dons et puis vouloir aller battre Zamalek pour remporter la ligue des champions.
De nos jours on a plus le choix. Soit on reste comme des amateurs ou on passe ce cap d’association en société. Mais pour le faire aussi il ne faut pas copier coller. Ce n’est pas parce que en Europe c’est comme cela qu’il faut se lever et vouloir faire. Il faut faire un travail de fond pour expliquer aux supporters le bien fondé du nouveau projet parce que ce sont les supporters qui font le club.
CS Médias: Aujourd’hui la question de la subvention octroyée aux clubs à fait couler beaucoup d’encres et de salives, qu’elle est votre opinion sur cette question ?
La subvention existe partout dans le monde. La subvention est nécessaire mais la manière de l’octroyer au Burkina qui n’est pas bien. Partout où on donne gratuitement, ça ne sert pas. La subvention c’est l’argent du contribuable mais qu’est ce que le contribuable gagne en retour. Le ministère peut donner l’argent avec des conditions. Par exemple le ministère peut dire que je donne l’argent mais vous devez créer de l’emploi. La Fédération doit aussi avoir des critères pour que cet argent ne soit pas bazarder.
Les clubs ne doivent pas avoir la même subvention parce qu’ils n’ont pas les mêmes charges, les mêmes obligations et les même problèmes. Un club qui nous représente en campagne africaine doit avoir de la chance pour avoir une subvention qu’un club qui joue pour le maintien. Donc la subvention doit être donnée en fonction des performances des équipes.
A suivre…